Ne faites pas cavalier seul.

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BreakOut West (BOW) − toujours pas d’entente Ne travaillez pas pour BOW!

par Alan Willaert, vice-président de l’AFM pour le Canada

Les discussions se sont poursuivies avec le directeur général des Western Canadian Music Awards (prix de la musique canadienne de l’Ouest), qui présentent le festival BreakOut West (BOW), mais l’organisation n’a visiblement aucun désir d’en arriver à une entente. En effet, bien que la Fédération canadienne des musiciens ait proposé une entente de trois ans couvrant les cachets minimum de base, les contributions à la caisse de retraite et la distribution des prestations enregistrées, BOW refuse encore de négocier quoi que ce soit, ne serait-ce que pour un an. 

Le festival divise pour régner. Les artistes qui sont considérés comme des têtes d’affiche, donc essentiels pour la visibilité du festival, sont rémunérés généreusement; mais la grande majorité qui se produisent pour les vitrines – ils sont plus de 250 – ne reçoivent rien. De plus, on leur présente un contrat dans lequel BOW se réserve le droit de les enregistrer et d’utiliser ces enregistrements sans les payer, à perpétuité. 

Puisque le festival figure toujours sur la liste noire internationale, les musiciens ne doivent pas travailler pour BreakOut West. 

Permettez-moi de le répéter : ne jouez pas au festival BOW!

Aussi désagréable que ce soit pour tous, l’enjeu dépasse ce que certains musiciens pourraient considérer comme une visibilité importante. Il y a beaucoup de festivals importants au Canada, et l’absence d’entente avec l’un risque d’avoir un effet de contamination sur les autres. Tous les employeurs au pays doivent être tenus de respecter les mêmes normes : si vous engagez des musiciens, ils doivent être rémunérés correctement et traités comme des professionnels. 

Comme l’a souvent dit le président de l’AFM, Ray Hair : « Un préjudice causé à une personne est causé à tous. L’union fait la force. »

Les lieux de présentation constituent un autre élément important dans ce scénario. Les clubs où ont lieu les prestations ne paieront pas les musiciens non plus. Ils peuvent s’attendre à faire salle comble, à vendre beaucoup d’alcool et à offrir un spectacle qui ne coûte rien. Musique gratuite. Toute personne qui se produit dans de telles conditions contribue au phénomène de l’artiste qui paie pour monter sur scène. 

Nos problèmes avec BOW ressemblent beaucoup à ceux liés aux enregistrements au noir qui se faisaient à Toronto à une époque où la ville comptait plusieurs studios d’enregistrement importants. Murray Ginsberg, notre représentant commercial de l’époque, visitait souvent les studios afin de s’assurer que l’employeur pour l’engagement était bel et bien signataire de l’entente sur les enregistrements sonores (Sound Recording Labour Agreement). Évidemment, la visite de « Murray, la police montée » contrariait les musiciens, mais au final ils étaient très reconnaissants d’être payés selon les vrais tarifs, de profiter d’une augmentation de leurs prestations au moment de la retraite et de recevoir un chèque du Fonds de paiements spéciaux pour les enregistrements sonores une fois par année pendant cinq ans après chaque session. En plus, ces enregistrements étaient documentés officiellement sur des formulaires de rapport B4 et faisaient donc l’objet d’autres paiements s’ils étaient réutilisés ou publiés sous une autre forme. C’est ainsi que la promesse originale de « 50 $ cash » se transformait parfois en des revenus de plusieurs dizaines de milliers de dollars.

En n’obligeant pas votre employeur à signer un contrat, à vous payer des cachets appropriés et les contributions à la caisse de retraite qui s’y rattachent, vous le laissez échapper à ses responsabilités. Vous vous privez vous-même de ce qui vous revient, et vous faites en sorte que ce soit encore plus difficile de réclamer votre dû  une prochaine fois. En offrant vos services à BOW gratuitement, en acceptant d’être enregistré sans contrat, vous vous faites une grave injustice. Et le message que vous communiquez, c’est que votre produit n’a aucune valeur. Le minimum que vous acceptez pour vos services devient le maximum que les employeurs sont disposés à payer. 

C’est le moment ou jamais d’être solidaires!